"En écho au moucharabieh ottoman qui permet de voir sans être vue, le brise-vue est susceptible de concilier des ambitions contradictoires. Si l'architecte souhaite généralement mettre en forme une membrane qui préserve l'intimité, il tient souvent à ce que la limite entre les mondes privé et public soit la plus évanescente possible. Que ce soit en façade sur rue ou dans un interstice, le brise-vue se caractérise par un filtrage effectif. En recourant aux matériaux minéraux, le concepteur privilégie l'opacité et la profondeur, tandis qu'avec une résille, il opte pour une distorsion discrète de l'arrière-plan. La première option, qui comprend les ventelles, présente une efficacité indéniable en tant que brise-soleil. La seconde famille de produits, parmi lesquels figurent les tôles perforées, révèle son articulation avec l'ossature porteuse. Mettre en oeuvre un brise-vue est aussi l'occasion de calepiner les façades, voire les toitures, selon une trame affranchie du rythme des planchers et des files porteuses. Une composition abstraite de grande ampleur apparait, que ce soit par l'empilement systématique de petits modules ou par la suspensions savante de grandes feuilles imitant l'opalescence des voilages."