"17 mars 2020. 12 h. La population de l'Hexagone et d'Outre-mer regagne son logement, la circulation s'arrête, la quasi-totalité des commerces tirent le rideau : la rue est nue. Pendant deux mois, dans les pays qui ont opté pour un confinement général au début de la pandémie de la Covid 19, les villes sont de vastes domaines aux paysages irréels, animés par les mouvements lents de piétons et cyclistes profitant de leur heure de sortie autorisée, évoluant avec souplesse sur la chaussée désertée. A la sortie du premier confinement, les mutations enclenchées depuis le début des années 2000 vont s'accélérer et s'amplifier. La perception de la rue par la population n'est plus tout à fait la même, plus amie qu'ennemie, en s'étant révélée une planche de salut pour la santé physique et psychique. Elle fait paradoxalement rêver, tout autant qu'elle a fait rêver le poète au XIXe siècle lorsque la ville s'industrialisait. Le nouveau modèle doit répondre à toutes les attentes, écologiques, sociales, économiques, tout en gardant sa fonction première. Finement structurée - sans doute plus qu'elle ne l'a jamais été été -, elle devra répondre à la sensible question du partage."