La pièce maîtresse de ce numéro est un dossier qui vient nourrir la réflexion sur un thème d'actualité. En choisissant “Densité Intensité ; pour ce numéro de transition, Archiscopie focalise l'attention sur la question des équilibres au coeur du grand débat métropolitain, avec notamment des focus venant de l'étranger (Tôkyô, Moscou, Barcelone).
Sommaire :
La densité par obligation, par Sophie Trelcat
Le mot a tendance à faire peur, le vocable ne fait pas vendre. Dès lors, comment intégrer l'idée de densité comme programme ? Comment concilier l'urgence à juguler l'étalement urbain et le bon équilibre à trouver dans nos métropoles contemporaines ? Tandis que le nombre de cent logements à l'hectare apparaîtrait comme le seuil maximal tolérable sur la planète, le curseur du projet se déplace entre densité et intensité. Plus que jamais, il s'agit de construire la ville sur la ville.
Tôkyô, ses mots, ses maux, par Manuel Tardits
Au Japon, qui voit sa population vieillir et diminuer, 70 % des gens habitent en milieu urbain. À l'échelle d'une aire métropolitaine de 42 millions d'habitants, Tôkyô affiche une densité pas si élevée dans un schéma infrastructurel rigoureux. Il faut alors entrer dans l'histoire de la formation de ce qui est devenu aujourd'hui la plus grande mégalopole du monde pour prendre la mesure du phénomène.
Masse et expansion à la russe, par Fabien Bellat
En Russie, l'attractivité des grandes villes ne faiblit pas. Si la densité moscovite, plus proche de celle de Londres que de celle de Paris, laisse penser que certains équilibres ont été trouvés à l'échelle métropolitaine, un certain manque de pensée urbaine semble se manifester à l'échelle du pays. Dans ce contexte propice au développement de hautes barres, la question patrimoniale s'invite dans le débat.
Quand Cerdà fait rimer intensité avec qualité, par Francesc Magrinyà et Fernando Marzá
Élaboré en 1859, le plan Cerdà pour Barcelone s'est illustré par la durabilité de ses options. Cet instrument d'urbanisme évolutif travaille sur l'intensité pour obtenir une qualité urbaine. Avec un équilibre de 50 % de logements et de 50 % de jardins, l'ingénieur Ildefons Cerdà, contemporain d'Haussmann, développe un ratio de 250 habitants à l'hectare. Analyse d'une grille qui s'est densifiée avec le temps.
Le logement et la difficile acceptation de la densité, par Philippe Simon
Selon une étude de l'Observatoire de la ville, 65 % de la population aurait un avis négatif sur la densité. Au-delà de tout ressenti face à cette question, se loger dans la densité est devenu, depuis le Paris d'Haussmann, un sujet qui ouvre les portes à différentes expérimentations en France, de Lyon Confluence au Trapèze à Boulogne-Billancourt en passant par Paris-Batignolles. L'analyse d'un architecte et enseignant-chercheur nous éclaire sur les multiples facettes de la densité.
Des feuilles de cuivre face à la Grande Bibliothèque, par François Lamarre
Au-dessus des voies de chemin de fer, dans le nouvel urbanisme de Paris Rive Gauche, l'immeuble mixte construit par l'agence Harari défend l'idée d'un habitat social métropolitain aux standards élevés et à forte densité. Le jardin en terrasse du neuvième étage est en prime.
Dans l'épaisseur d'un macrolot, par Thierry Mandoul
Dans le secteur du Trapèze, à Boulogne-Billancourt, on ne dit plus îlot mais “macrolot”. Un vocable qui définit une organisation autant qu'une épaisseur. C'est dans ce contexte dense que PPA Architectures et Xavier Leplaë ont réalisé une opération de 79 logements sur l'un des derniers terrains de cette grande mutation urbaine.
Un moderne dans le rempart de Grillon, par Serge Clavé
En vacances dans le Vaucluse, Georges-Henri Pingusson découvre en 1971 le village de Grillon. Il a un coup de foudre et se lance dans une opération exemplaire combinant restauration et transformation. Son travail milite alors pour une densité retrouvée sur une acropole provençale. Une oeuvre manifeste pour cet architecte-enseignant qui travaillera in situ avec des étudiants sur cette expérimentation. À l'heure où la Cité de l'architecture & du patrimoine consacre une exposition à l'auteur de Latitude 43 et du Mémorial des martyrs de la déportation, retour sur une démarche pédagogique exceptionnelle en milieu rural.